On a enlevé les fleurs, il reste l'eau
Double séjour, Paris, du 21 au 30 octobre 2016
Exposition collective avec Damien Caccia, Vanessa Dziuba, Louis Granet, Lola Hakimian, Marine Provost et Ludovic Sauvage
Iels invitent respectivement, Emmanuel Simon, Céline Vaché‑Olivieri, Elsa Lefebvre, Thomas Hauser, Juliette Mogenet et Yannis Perez
Collaboration avec Damien Caccia
Thomas Havet : Cela traduit une notion qui m’apparaît essentielle dans ton travail : l’effacement au profit de l’artiste que tu invites ; presque une acceptation de la parte.
Emmanuel Simon : Depuis le début de cette série, mon intérêt réside surtout dans la banalisation de l’acte pictural, dans la recherche de non-originalité, de non-créativité. Cette approche est d’ailleurs paradoxales dans le sens où cette recherche de non-originalité était en fait originale. La question de l’inspiration et la place de l’auteur·ice étaient également au cœur de mes préoccupations. J’essayais, je crois, de me détacher de tout ce qui pouvait me ramener à ma condition d’auteur, tout en ayant un intérêt certain pour l’« autre ».
Cette mise à distance et cette acceptation de la perte se sont faites sur la durée. La première fois que j’y ai été confronté c’était lors d’une de mes peintures du temps et du mouvement dans l’atelier de l’école. Cela faisait un bon moment que je travaillais dessus et, pour un cours, une des professeures de l’école a aménagé l’espace d’une manière différente : une cimaise s’est retrouvée pile devant mon point de vue. J’étais alors trop attaché à ma peinture pour la repeindre entièrement en blanc donc je l’ai arrêtée là. Cette expérience a été un vrai déclic. Il y en a eu plusieurs autres, même encore aujourd’hui.
Ma dernière toile pour Novembre à Vitry a, elle aussi, été assez marquante. C’est la première fois que mon intervention devenait invisible pour le spectateur. Les seuls indices qui restaient étaient le cartel avec le nom de l’œuvre ainsi que sa photo dans le catalogue d’exposition. Pour une fois, je présentais une toile réalisée seul, une scène à habiter.
Mon unique condition d’accrochage était que celle-ci serve de toile de fond à une autre peinture sélectionnée pour l’exposition. Le choix revenait donc à Catherine Viollet, la commissaire d’exposition. Novembre à Vitry étant un prix de peinture, chaque toile est présentée avec un mètre carré de mur blanc autour, accrochée à bonne hauteur, rien ne parasite les œuvres. Ma proposition, visant à remettre un peu en cause ce principe d’accrochage, n’a pas fonctionné dans le sens où l’œuvre choisie pour être accrochée sur la mienne était une des seules à être plus grande. Ma toile était donc totalement recouverte.
Double séjour, Paris, du 21 au 30 octobre 2016
Exposition collective avec Damien Caccia, Vanessa Dziuba, Louis Granet, Lola Hakimian, Marine Provost et Ludovic Sauvage
Iels invitent respectivement, Emmanuel Simon, Céline Vaché‑Olivieri, Elsa Lefebvre, Thomas Hauser, Juliette Mogenet et Yannis Perez
Collaboration avec Damien Caccia
Thomas Havet : Cela traduit une notion qui m’apparaît essentielle dans ton travail : l’effacement au profit de l’artiste que tu invites ; presque une acceptation de la parte.
Emmanuel Simon : Depuis le début de cette série, mon intérêt réside surtout dans la banalisation de l’acte pictural, dans la recherche de non-originalité, de non-créativité. Cette approche est d’ailleurs paradoxales dans le sens où cette recherche de non-originalité était en fait originale. La question de l’inspiration et la place de l’auteur·ice étaient également au cœur de mes préoccupations. J’essayais, je crois, de me détacher de tout ce qui pouvait me ramener à ma condition d’auteur, tout en ayant un intérêt certain pour l’« autre ».
Cette mise à distance et cette acceptation de la perte se sont faites sur la durée. La première fois que j’y ai été confronté c’était lors d’une de mes peintures du temps et du mouvement dans l’atelier de l’école. Cela faisait un bon moment que je travaillais dessus et, pour un cours, une des professeures de l’école a aménagé l’espace d’une manière différente : une cimaise s’est retrouvée pile devant mon point de vue. J’étais alors trop attaché à ma peinture pour la repeindre entièrement en blanc donc je l’ai arrêtée là. Cette expérience a été un vrai déclic. Il y en a eu plusieurs autres, même encore aujourd’hui.
Ma dernière toile pour Novembre à Vitry a, elle aussi, été assez marquante. C’est la première fois que mon intervention devenait invisible pour le spectateur. Les seuls indices qui restaient étaient le cartel avec le nom de l’œuvre ainsi que sa photo dans le catalogue d’exposition. Pour une fois, je présentais une toile réalisée seul, une scène à habiter.
Mon unique condition d’accrochage était que celle-ci serve de toile de fond à une autre peinture sélectionnée pour l’exposition. Le choix revenait donc à Catherine Viollet, la commissaire d’exposition. Novembre à Vitry étant un prix de peinture, chaque toile est présentée avec un mètre carré de mur blanc autour, accrochée à bonne hauteur, rien ne parasite les œuvres. Ma proposition, visant à remettre un peu en cause ce principe d’accrochage, n’a pas fonctionné dans le sens où l’œuvre choisie pour être accrochée sur la mienne était une des seules à être plus grande. Ma toile était donc totalement recouverte.
Extrait d'un entretien avec Thomas Havet